Vivre une défaite

J’ai connu, lors de ce stage IV, une défaite. Sans jamais être parfait, je suis habitué de réussir ce que j’entreprends de manière correcte. Je ne remporte jamais de grands honneurs, mais je n’échoue pas. Lors de ma troisième supervision, alors que je croyais avoir apporté tous les correctifs nécessaires, je me suis planté, et ce, sur deux choses. Tout d’abord, dans la compétence 4, le pilotage d’une situation d’apprentissage. Je pense que j’ai laissé trop de lousse aux élèves. J’ai considéré qu’ils comprendraient ce que je veux rapidement et je ne me suis pas donné la peine de planifier mes explications outre mesure. J’ai lu l’activité, j’en ai écrit les grandes lignes et j’ai cru que tout irait bien. J’ai cependant, après les commentaires de ma superviseure, réalisé que les élèves m’ont posé beaucoup plus de questions que lors d’autres activités du même genre. Pourquoi ai-je eu un tel laisser-aller lors de cette activité? Ou peut-être suis-je toujours brouillon dans mes explications? Les élèves ne me questionnent pas tant quant à ce que je désire d’eux. Ils me questionnent beaucoup, mais sur les choix que je fais quant à ma planification globale, surtout pour s’éviter trop de travaux. Alors pourquoi ce manque dans mes explications? Je pense que ce fut une lacune dans ma préparation. J’ai lu l’activité, j’ai compris ce qu’il fallait faire, alors j’ai pensé que les enfants comprendraient également facilement. J’ai pensé que, puisque c’était une révision, ils allaient savoir rapidement ce qu’ils devaient faire. Je me suis trompé. J’aurais dû expliciter mes consignes, ne serait-ce que dans ma tête en lisant l’activité. Le deuxième élément qui me déçoit de moi-même est que je n’ai rien vu venir. Je considérais mon activité comme parfaite jusqu’à ce qu’on me dise le contraire. J’aurais dû être en mesure de réaliser les lacunes dans mon déroulement et les corriger immédiatement. Je devrai, à l’avenir, planifier rigoureusement mes activités. Fixer ce que j’attends de mes élèves de manière claire et précise. Et je dois absolument rester attentif aux signes d’incompréhension venant des élèves.
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Réflexions sur les cycles

Lorsque j’ai débuté mon baccalauréat en enseignement, mon objectif était d’un jour enseigner en 6e année. En camp de jour, les enfants de 11-13 ans avaient toujours été mon groupe de prédilection. Cependant, dans les quatre stages que nous devons faire au courant du bac., nous devons toucher à tous les cycles et au préscolaire. Et c’est une très bonne chose. Au terme (presque) de ces quatre stages, le troisième cycle ne serait peut-être pas mon premier choix si j’avais à choisir demain matin une classe. Il y a, forcément, de nombreuses différences entre ces quatre niveaux, et pour chacun, j’ai des choses qui me plaisent et d’autres qui me déplaisent. Le préscolaire n’est pas pour moi. J’y ai fait un stage et j’en suis sûr, ce n’est pas pour moi. D’un point de vue entièrement personnel, il y a trop de jeux pour moi. Il faut davantage leur apprendre les bases de l’école en jouant, ce qui en fait des jeux beaucoup trop planifier pour moi. Et il faut en planifier beaucoup pour remplir une journée. Leur temps d’attention est trop restreint pour moi. Je comprends parfaitement que certains enseignants y passent une vie, ce n’est cependant pas pour moi. J’y vais avec plaisir en suppléance, mais une année complète me viderait. Le premier et le troisième cycle sont pour moi des contraires. Les élèves du premier cycle sont très motivés et enthousiastes à réaliser des apprentissages. Ils commencent leur scolarité et chaque apprentissage est presque immédiatement palpable. Les progrès qu’ils font en un an sont hallucinants et le besoin de réalisation de l’enseignant, selon la pyramide de Maslow, est assez dans le tapis. Tout ce que nous leur apportons est nouveau et donc merveilleux. Ils sont attachants et innocents. Mais, parce qu’il y a un mais, leurs histoires sont tellement ennuyantes. Plus sérieusement, il n’y a pas de profondeur dans les discussions avec des élèves de premier cycle. C’est donc le cycle où, selon moi, nous avons le plus besoin d’une équipe-école, ne serait-ce que pour échanger avec d’autres adultes. Les élèves du troisième cycle, à l’inverse, peuvent totalement nous surprendre avec la pertinence de leurs propos sur des sujets d’actualités. Il est possible de passer des périodes avec uniquement de la discussion sur des enjeux actuels. Ils peuvent cependant être blasés de l’école primaire. Ils arrivent bientôt au secondaire et peuvent voir cela comme une libération. Ils peuvent être arrogants et même méchants. Il y a parfois de grandes différences dans leurs apprentissages, car ils n’ont pas tous appris au même rythme durant tout leur primaire. Il faut parfois travailler très fort pour réaliser quelques légers apprentissages. Mais bon, il n’y a pas de petits apprentissages, il n’y a que du progrès. Et il y a des montagnes de correction. Finalement, je pense que le cycle qui me rejoint le plus jusqu’à présent est le 2e cycle. Il y a un peu des avantages des deux autres cycles et un peu des inconvénients. Ils veulent encore apprendre, ils sont un peu compétitifs, on peut avoir des réflexions avec eux sur des enjeux moraux pertinents. Je ne suis pas tout à fait fixé cependant sur le deuxième cycle. J’aurai surement le temps de me faire une idée au courant de ma carrière.
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Le looping

Une problématique très présente dans mon milieu de stage est la question du looping. Le looping est présent dans l’école depuis bientôt dix ans. Les enseignants du deuxième cycle voyaient un intérêt à suivre leurs élèves de la 3e à la 4e année afin de perfectionner leur développement. Peu à peu, le premier cycle et le troisième cycle se sont joints au deuxième cycle et ont commencé à looper également. Les élèves se retrouvaient donc avec trois enseignants au primaire au lieu de 6. Le directeur actuel, arrivé il y a maintenant trois ans, a donc suivi la tendance de l’école et les postes qui allaient à l’affichage avaient la mention du looping dans leurs descriptions. Le looping semblait être un choix d’équipe-école. Cependant, lors de ma première rencontre du personnel, le looping ne semblait pas faire l’unanimité. Certains enseignants souhaitaient rester à leur niveau alors que d’autres, dans le même cycle, souhaitaient looper. Surtout que certains de ces enseignants avaient choisi leur poste en raison du looping. Des enseignants menaçaient de se désister et de quitter l’école s’ils n’obtenaient pas ce qu’ils désiraient, ce qui est leur droit. Le directeur avait également un droit, celui de gérance, et pouvait donc imposer le looping à ceux qui ne voulaient pas looper. Personnellement, deux de mes trois autres stages se sont effectués dans des écoles qui pratiquaient le looping, en quelque sorte. À la différence de Notre-Dame-des-Victoires, les classes étaient cependant combinées par cycle. Il était donc plus difficile pour un enseignant de refuser de looper, puisqu’il s’agissait de deux demies-classe de deux niveaux différents. Je suis donc assez en faveur du looping. J’y ai vu de nombreux avantages et quelques désavantages. Tout d’abord, comme avantages, il y a le suivi des élèves. Si je prends par exemple Danielle, mon actuelle maitre associée, certains de ses élèves de cinquième année n’auraient pas pu monter en sixième année si ce n’avait été Danielle leur titulaire qui les suivait. Le fait de connaitre déjà les élèves nous donne un léger bonus de temps en début d’année. Nous les connaissons déjà, ils nous connaissent, nous pouvons rouler plus efficacement. C’est sûr que certaines cohortes sont plus difficiles que d’autres, que certains élèves ne cliqueront pas avec nous, et passer deux ans dans ces conditions peut être démotivant. Mais ce n’est pas une raison, selon moi, pour empêcher une autre enseignante de looper si elle le veut. Car du looping, ça nécessite deux enseignants, qui s’échange leur poste si on veut. Si un des deux refuse, le second n’a d’autre choix que de rester dans le niveau qu’il a.
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